24 janvier 2021 : Histoire de treuil
L’outil majeur des océanographes est la rosette qui permet de prélever de l’eau à toutes les profondeurs. Il s’agit d’une couronne de bouteilles en PVC que nous envoyons vides (et ouvertes pour ne pas qu’elles implosent sous l’effet de la pression !) et dont nous commandons la fermeture aux profondeurs désirées. Cette commande est possible grâce au câble qui relie la rosette au navire, et qui est “electroporteur”. Ce câble est enroulé sur un treuil qui sert à descendre et remonter la rosette. Tout cela semble assez simple a priori.
Pourtant, c’est ici que le blues dit du “trancannage” commence.
Ce mot barbare désigne l’enroulement du câble sur le touret du treuil. Il s’agit de dérouler-enrouler plus de 100 fois par campagne jusqu’à 6 km de câble sur ce touret, de telle façon que les spires s’alignent bien les unes à côté des autres, et surtout ne se croisent pas (on dit “ne surpattent pas”).
C’est ce qui nous arrive: à chaque fois que la bobine arrive aux contact des parois du touret, le câble surpatte. Il faut alors ralentir le treuil, voire l’arrêter et redescendre, puis repartir tout doucement, ce qui fait perdre beaucoup de temps aux opérations.
Aujourd’hui, nous avons déroulé 6 km de câble car la profondeur le permettait…et Martin et François se sont démenés, en contact intense avec le constructeur, pour identifier l’origine du “tout petit défaut” (se compte en mm) source de notre problème. Grimper dans le treuil, ramper dessous (dans la poussière de rouille), l’ausculter sous tous ses angles fut leur menu du jour. Après 8 h de travail acharné, gros progrès ce soir, même si nous attendons les prochaines stations pour y voir plus clair…métier de patience et persévérance.