3 mars 2021 : Nostalgie et grâce
La nuit dernière nous avons franchi le 40eme parallèle, cette fois porte de sortie des célèbres rugissants éponymes. Dans le sillage, quelques pétrels à menton blanc, un fuligineux et notre fidèle Serge, ce grand albatros qui nous suit de longue date… peu nous importe que ce soit lui ou un cousin, il s’appelle toujours Serge. Ce sont les derniers, bientôt nous perdrons ces géants ailés qui se jouent des vagues et des vents, effleurant de la pointe de l’aile les déferlantes blanches. En quelques heures, la température de l’eau est montée de 12° à 19°C, les pulls sont tombés, les shorts fait leur apparition : cela s’appelle franchir un front.
Dehors les rosettes sont démontées, les bidons se casent dans les caisses, ça roule, ça pousse, ça tire dans tous les sens, la fourmilière de la démobilisation s’est réveillée.
Dedans, une demi-finale de baby-foot torride (vive la DT INSU !)… puis 9 musiciens qui ne se connaissaient pas il y a 3 jours s’enchantent et nous enchantent, moment de grâce collective.
Le roulis s’est calmé, l’anticyclone est là, cap au Nord-Ouest le Marion ronronne et nous sommes portés vers nos demains. Chacun reprendra son chemin, arraché de la chrysalide protectrice d’un monde parallèle qui depuis deux mois se joue des pandémies et autres méfaits d’un monde qui a oublié la valeur du temps et de la rencontre de l’autre.