31 janvier et 1 février 2021 : Entre les Iles Marion et Prince Edward
Dans une aube rose et bleue, les sommets enneigés de l’île Marion sont dans le Nord-Ouest. Des sourires réjouis éclairent les visages de nos collègues sud-africains. Il fait bien plus calme que les jours précédents (plus que 25 N de vent).
Nous sommes à l’aplomb du pied du talus très pentu qui entoure l’île. Programme de la journée : 3 stations par des fonds de 3000 m, 1500 m puis 300 m. En d’autres termes, on se rapproche de l’île en « grimpant » la pente sous-marine. A bord, s’enclenchent envois de rosettes (on alterne « propre » et « standard »), de prélèvements, filtrations, analyses…les stations sont distantes de quelques milles seulement, de quoi imposer un rythme soutenu. Puis, dans un couchant plutôt crachin, nous cherchons à suivre le panache de chlorophylle qui témoigne d’une fertilisation du phytoplancton par les produits érodés des îles…ce qui nous amène juste derrière Prince Edward.
Les travaux continuent de nuit, sous une pluie-neige drue et glaciale, on fait plus agréable.
Des nuées d’oiseaux nous entourent, des otaries et des manchots maraudent autour de la coque, et au petit matin, Prince Edward se révèle sous un soleil de moins en moins timide.
Le commandant décide de la longer en partant. Émotion devant ces falaises austères, nuancées de brun, ocre et rouge et quelques taches vertes qui témoignent d’une végétation rase sous ses latitudes ventées. Nous y pensons tous : nous ne reviendrons pas, ou pas avant longtemps. Ces petites îles perdues dans le grand bain austral dégagent un magnétisme certain et des envies de randonnées sauvages qui alimenteront nos rêves pendant longtemps.